Où l'on joue à chat...



Petit résumé d'un jeu de piste m'ayant tenu quelques jours et qui aboutit sur un mort-vivant de moins sans avoir dû sortir la batte à clous et s'être fait manger le cerveau... Suspense... Si vous aimez les histoires, voici celle de Dominique... Il m'a interpellé, ne me demandez pas pourquoi... 

Il était une fois, un petit Dominique Machet, seul garçon et troisième enfant sur quatre de Joseph et Jeanne Françoise Bidal. Il naît en 1822 dans la charmante bourgade de Saint-Paul-sur-Yenne, sise dans l'avant-pays savoyard au pied de la Dent du Chat (les randonneurs savent...). 
Et puis c'est tout. 
Lol. 
Non. 
Mais ça aurait pu... 

Je ne savais pas trop ce qu'il était devenu... Pas de décès, pas de mariage dans les communes alentours.
Son père décède en juillet 1824 à l'âge précoce de 28 ans, alors que sa mère est enceinte de leur dernière fille, posthume, Laurence, qui naît en décembre de la même année. 
Jeanne Bidal, ses filles (Marie, Anthelmette et Laurence) et le petit Dominique sont encore à Saint-Paul quand la seconde, Anthelmette, décède à peine âgée de 7 ans en 1827. Peu après, La mère et ses 3 petits survivants déménagent sur Lhuis, dans l'Ain, à 31km du berceau familial des Machet. La fille aînée, Marie, y contracte mariage en 1849. La mère y décède en 1858, la benjamine Laurence l'imite en 1882, suivie de peu par l'aînée qui succombe en 1888. Mais toujours aucune trace de notre insaisissable Dominique...

Par acquis de conscience, dans un vain espoir de trouver quelque chose, je m'attaque aux publications de mariage du village, à Saint-Paul et à Lhuis : s'il a vécu et est parti se marier ailleurs, il y a une chance que ça ait été affiché en place publique dans la maison commune de l'un des deux villages...


Bingo ! En mars 1852, mon fantôme est devenu charpentier, a émigré de notre beau pays de Savoie, et réside depuis quelques mois en France, à Gigny-sur-Saône (71) où il a décidé de convoler en justes noces avec une dénommée Philiberte Large.
Et ensuite... Plus rien à nouveau. Ni à Saint-Paul, ni à Lhuis, ni à Gigny. Le couple se volatilise... 
Quoi ? Encore ? On le reperd à nouveau ? 
Héhéhé, pas si sûre...


Le laissant de côté vu que j'ai pas encore acheté l'aspirateur à fantôme des Ghostbusters, je me replonge dans la poursuite des autres membres de la famille Machet expatriés en territoire français. Nombre d'entre eux ont posé leurs valises sur Lyon pour travailler dans les soieries comme tant d'autres savoyards à cette époque.
Alors que je scrute scrupuleusement les scribouillages de scribes (notez l'allitération en scr...) représentant l'intégralité des tables décennales, mariages et publications concernant des Machet à Lyon pour retrouver d'autres membres de cette famille savoyarde (oui, j'aime bien m'imposer des tâches soporifiques et titanesques), au hasard de mes explorations paperassières, je découvre une publication pour mariage de Catherine Machet, fille de mon couple ci-dessus disparu. Coup de chance, parce qu'elle se marie à Francheville, en 1875, avec un mec de Lyon. Sinon, je ne l'aurais pas trouvé.
Il s'avère qu'elle est née en 1855 dans le bled syllabiquement opposé : Villefranche.  

Je me dirige alors d'un clic franc et lest sur les AD69 pour explorer Villefranche, et je mets la main sur son acte de naissance et celui de deux frères-sœurs morts-nés, dont un dont on n'a pu déterminer le sexe ! iel (un bon cas pour l'application de cette horreur d'écriture inclusive) restera à jamais un point d'interrogation dans l'arbre... RIP. (Toute suggestion sur la malformation génétique ou autre pouvant expliquer cela est la bienvenue !)

La première naissance a lieu à villefranche moins d'un mois après le mariage de mon bonhomme avec sa Philiberte : ils ont donc bougé de Gigny assez rapidement... Fuyaient-ils l'opprobre de cette grossesse prénuptiale qu'on ne pouvait plus ignorer malgré la légitimation tardive via le mariage ? 


L'acte de mariage en 1875 de cette gentille Catherine m'apprend que son père, toujours charpentier, est dit disparu depuis au moins 6 ans, n'ayant pas reparu dans son dernier domicile connu, à Oullins. Dont acte de notoriété en date de juste avant, qui justifie que oui, père absent, disparu et sans nouvelles depuis at least 1869. Je me dis que ça sent le sapin pour compléter le bouzin... Il se prend pour Casper ce coquin de Dominique, et persiste à jouer les spectres insaisissables.

Dans la foulée, l'acte de mariage de Catherine m'apprend que sa mère, Philiberte Large, ne vit pas/plus à Francheville, mais à Soucieu-en-Jarrest.
Bon, quand même, toujours par acquis de conscience, je vérifie les recensements de 1872 sur Francheville et Oullins, pour voir. Rien à Oullins, et Tadaaa ! En 1872, on trouve Philiberte et sa fille Catherine, à Francheville. Mère qui est dite "séparée" en annotation du recensement. Se sont-ils séparés avant la disparition ? Ou sont-ils séparés parce qu'il a disparu ?? Damn, un autre mystère brûlant !


Ma Catherine et son mari ont un fils né 6 mois avant mariage mentionné dans l'acte pour légitimation, et dit né à Lyon en 1874. Donc pour faire bien, je check les TD naissances sur Francheville et Lyon. Je lui trouve 2 sœurs, qui vivent et se marient sur Lyon. Pas de trace cependant de la naissance et du décès de ce fils légitimé... Alors hophop fiches matricules, exploration des bureaux lyonnais, et pouf, voici Claude Godde, né à Lyon 2 à la date indiquée dans l'acte de mariage de ses parents, inscrit maritime à Lorient, matelot, et ... décédé au Havre en 1898... Je pouvais toujours le chercher !
Dans la foulée, vérification des tables décennales de mariage pour tous les enfants au lieu d'habitation de Catherine et son époux (Lyon 6), et zoup, un frère de plus, né à Oullins (mais pourquoi sont-ils allés là-bas entre Francheville et Lyon 2 ??), marié à Lyon 6...

Du coup, comme Catherine, son époux et ses enfants retournent sur Lyon, je me dis que la mère de Catherine n'est peut-être pas restée seule dans la cambrousse. Exploration des tables de décès lyonnaises et re-re-rebingo : elle décède à Lyon 2 à l'Hôtel-Dieu en 1894, dite "épouse de Machet (absent)", et domiciliée à une adresse dans Lyon, qui n'existe plus. Ni dans les anciennes rues, ni dans les nouvelles... Nada. Encore un mystère, vite résolu cependant grâce au site ruesdelyon.net : le 34 chemin des Sablonnières est à Lyon 7 proche de Grange-Blanche, quelque part entre les emplacements des rues professeur Calmette et professeur Rochaix.

Bon pi là, je me dis, quand même, il n'a pas pu disparaître comme ça mon Dominique... Va bien y avoir une trace de lui quelque part...
Alors j'ai tenté. Choppé Filae. Rentré Dominique Machet, entre 1869 date de sa disparition approximative, et 1922 (date où il aurait eu 100 ans). 
Et pouf, ça a fait des Chocapics !
Ya UN Dominique Machet, charpentier né à Saint-Paul-sur-Yenne (Il n'y en a que peu, j'ai les décès de tous les autres), à date et parents inconnus, dit célibataire, mais à l'âge approximatif du mien, qui décède en Juillet 1894 à l'hôpital de Charolles, Saône-et-Loire, en étant dit domicilié à Sanvigne...

Le recensement de 1891 à Sanvigne nous mentionne le même Dominique Machet au dit-lieu, en tant que journalier...



Ya quand même de très fortes chances que soit mon bonhomme...

Ne reste qu'à explorer plus avant les registres et recensement de Sanvigne en marche arrière, pour tenter de cerner sa date d'arrivée approximative dans les parages... Et remplir les vides pour savoir ce qu'il a bien pu bricoler après avoir mis les voiles vers 1869...
Pourquoi est-il parti ? Séparation ? Une autre femme ? Tentative de fuite pour se soustraire à la justice suite à une potentielle exaction ? 
Où est-il allé d'abord ? Est-il retourné voir ses sœurs ? Est-il retourné de suite en Saône-et-Loire ? Pourquoi là-bas ? Pourquoi Sanvigne ? 

Tant de questions encore sans réponses ! Mais je les aurais un jour, je les aurais ! (non, ce n'est pas un hommage à la maaf, mais à Marcel Philippot, c'est quand même mieux ).

Si vous croisez mon Dominique, pensez à moi !

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